Sud-Ouest, Les toiles d'Anne.

- Aucun commentaire
Ghislaine Castillon."Les toiles d'Anne". Sud-Ouest. 02/10/2013. P22
Sud-Ouest, "Les toiles d'Anne".
Anne Sollis, née d’une mère française et d’un père américain, est une Guethariar de cœur depuis son enfance.
photo g. c.

Le musée accueille « Moite, moite, moite ».

Le musée de Guéthary accueille jusqu’au 29 octobre, Anne B. Sollis avec ses dessins au bic 4 couleurs sur papier sous le titre « Moite, moite, moite ». « Le titre n’est pas innocent, les mains moites dans les poches, le corps moite, d’émotion, de timidité, de peur… » explique Anne B. Sollis, « des souvenirs enfouis dans votre mémoire rejail- lissent et vous surprennent avec une force propre ». Le sous-titre « le cheveu à la capillarité du songe : détail et vue d’ensemble » se rapporte à une série de toiles composées de cheveux : détails et vue d’ensemble, 1 000 mondes dans une seule image.

Bi 4 couleurs

C’est à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, où Anne réside, que le bic lui est revenu spontanément, la libérant du poids de l’aura de l’artiste-peintre. Le bic 4 couleurs, celui de l’adolescence, avec lequel on gribouillait en cours. « Tout est montré, rien de caché, rien de censuré » souligne-t-elle. « C’est une économie de moyens, une libération de contraintes mais aussi un jeu » continue-t-elle, « il est un trait qui touche ». Si l’artiste retrouve des sensations par le côté tactile du bic, elle apprécie sa légèreté, la finesse du trait par rapport à la surface du papier. Anne ne choisit pas ses photos pour ce qu’elles représentent mais pour leurs formes, leur composition, le stimuli qu’elles procurent, juste des impressions indéterminées.

« Ce que l’on montre n’est pas ce qui est. J’ai cherché à tout prix à éviter l’illustration d’une idée » confie-t-elle. Elle dessine d’après des impressions papier de photos, des photos prises au téléphone portable de fragments de son corps, de magazine… Elle dessine à plat, ne voit pas ce qu’elle fait et aime se surprendre. « C’est le tremblement de la main, l’indétermination du trait dans sa relation à l’image photographique qui rend le travail intéressant, parce qu’inattendu, voire improbable » explique Anne. « Je ne pense pas droit, ne dessine pas droit, n’écris pas droit, tout est dans la suggestion ». Son plaisir, retrouver l’image dans cet espace abstrait. Bien que l’artiste se défende de se laisser enfermer dans une thématique, le processus de l’inconscient, son fil rouge, titre aussi du mémoire de sa thèse, il se retrouve dans chaque dessin.

Tigre sibérien

L’effacement du sujet dans le triptyque « Gloria », hommage à la chanteuse américaine Patti Smith. Ou la mémoire avec « Elle », portrait d’enfant star, composé de fragments, de séquences. La prolifération avec le canapé Chesterfield aux cent trous. L’inachevé inspiré du rêve de la cire rouge se référant au « Shooting into the corner », une performance du plasticien Anish Kapoor, ou encore le tigre sibérien extraite du National Geographic. Et l’oubli avec les rochers de la plage de Cenitz dont « mon espace mental est sculpté depuis toujours », confie-t-elle. « Je retrouve ces lignes jamais droites, jamais finies dans les 1 000 et 1 traits de bic 4 couleurs qui composent mes dessins, ces lignes sont intériorisées ». Une exposition intimiste où chacun verra ce qu’il veut voir et dont l’artiste sera curieuse de savoir ce que ce sera.

Site Internet : www.annebsollis.com

Les commentaires sont fermés.